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L’histoire du rhum avec un « H » majuscule

L’histoire du rhum avec un « H » majuscule

L’HISTOIRE DU RHUM AVEC UN « H » MAJUSCULE

Article tiré du journal « The Crafter » numéro 24.

LA QUÊTE DE LA CANNE À SUCRE

C’est à La Barbade en 1652, alors terre britannique, qu’apparaît le premier écrit mentionnant la production de rhum sous le nom de « rumbullion». Mais, dès le XVeme siècle, il est attesté que lors de son deuxième voyage dans les Caraïbes, en 1493, Christophe Colomb a débarqué sur l’ile d’Hispaniola (aujourd’hui Haïti et la République dominicaine) avec de la canne à sucre dans les cales de ses navires.

Cette matière première, indispensable à la production de rhum, a d’abord été exploitée pour la production du sucre, une denrée rare et luxueuse jusqu’au XIXeme siècle, avant son élaboration à partir de betteraves sucrières.

De la famille des graminées, la canne à sucre n’est pas une plante autochtone des Caraibes.

Son origine se situe en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur le continent océanique, au Nord de l’Australie. Elle aurait déjà été domestiquée dès le Xème siècle avant notre ère et implantée en Perse sous l’Antiquité, avant de se propager en Méditerranée, puis sur les iles portugaises et espagnoles de l’Océan Atlantique (Madère, Açores, Canaries). Cette première étape de sa migration du Sud au Nord, puis vers l’Ouest, se poursuit lors des expéditions de Christophe Colomb vers l’Amérique qui l’implante aux Caraïbes. À partir du XVIème siècle, les colons espagnols et portugais vont y développer des plantations, mais également en Amérique centrale et du Sud.

LA FACE OBSCURE DU RHUM

Sur les terres du Nouveau Monde, la culture de la canne à sucre se répand au sein d’immenses plantations tenues par des colons pour produire le sucre que l’Europe – alors en plein développement sous la Renaissance et par après – réclame. La population autochtone (les Amérindiens) ayant été décimée en moins d’une génération, il était nécessaire de trouver une nouvelle main-d’œuvre pour l’exploitation de ces plantations. Dès 1510 débute la déportation d’esclaves du continent africain vers le Brésil, puis vers les iles et les états du Sud des futurs États-Unis, par les Européens.

C’est ainsi que se met en place ce qu’on a appelé « le commerce triangulaire » : des bateaux chargés de pacotilles, d’armes et d’alcools quittaient l’Europe en direction de l’Afrique et échangeaient leur cargaison contre des esclaves, puis repartaient vers les plantations du Nouveau Monde pour les vendre aux colons et rentraient avec des denrées exotiques comme le sucre, le café, le tabac, le chocolat et le rhum qu’ils revendaient en Europe. C’est ainsi que 12 à 15 millions d’Africains ont été déportés jusqu’au début du XIXême siècle.

Cette phase sombre de l’histoire du rhum concerne plus directement celle du sucre, qui dominera les échanges mondiaux pendant plusieurs siècles. Élaboré à l’origine à partir des rebuts de l’industrie sucrière, le rhum fait partie prenante de cette histoire.

LA BOISSON DES ESCLAVES ET DES MARINS

Les premiers rhums produits l’ont été à base de mélasse, ce résidu de la production du sucre, un liquide noirâtre et visqueux. Rappelons que la distillation alcoolique est connue depuis le XIIème siècle et qu’il semblerait que des alambics furent installés dans certaines sucreries dès le XVIeme siècle. Mais ces premières productions devaient être assez rustiques pour qu’on les affuble du nom aimable de « kill-devil », « tue-diable » en français, en raison de leur degré alcoolique élevé ou encore « rumbullion » qui donnera le mot « rum » en anglais.

De mauvaise qualité, cette boisson est d’abord réservée aux esclaves. Puis ce sont les pirates et autres forbans des mers qui en consommaient pour fêter la victoire de leur pillage, avec le butin trouvé dans les cales des navires abordés, bien souvent chargées de ce breuvage. Enfin, la marine anglaise en a offert dès le XVII*me siècle une ration quotidienne à ses équipages afin d’éviter la consommation d’eau peu potable qui croupissait rapidement à bord, ou bien encore celle de bière, qui ne se conservait pas longtemps. En y ajoutant du jus de citron pour lutter contre le scorbut, le grog était inventé !

Progressivement, la production de rhum devient plus qualitative et sa consommation sétend aux Etats-Unis et en Europe. En 1882, la marque Saint James est créée et lance sa célèbre bouteille carrée. Marque française produite en Martinique, elle choisit ce nom pour faciliter ses ventes chez ses voisins états-uniens qui en sont devenus de grands consommateurs. Au début du XXeme siècle, une crise de surproduction du sucre en Martinique, suivie de l’éruption de la montagne Pelée en 1902 qui détruisit de nombreuses sucreries-distilleries situées à Saint-Pierre, fait opérer un virage fondamental à l’élaboration du rhum martiniquais. Celui-ci devient quasi-exclusivement produit à partir de pur jus de canne. Reconnu mondialement pour sa qualité, le rhum agricole martiniquais a été le premier à obtenir une Appellation d’Origine Contrôlée en 1996.

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