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La Biodynamie vu par nos vignerons

La Biodynamie vu par nos vignerons

Extraits du livre « Vin et biodynamie, une philosophie de vin », Pierre GUIGUI

 

THIERRY GERMAIN

DOMAINE DES ROCHES NEUVES (LOIRE),

BIODYVIN 2004

«L’humain, la chose la plus importante dans ma façon de voir la biodynamie »

 

La biodynamie est une philosophie qui nous permet d’aller plus loin, à nous de trouver notre chemin.

Il faut y croire si nous voulons aller vers le vivant. Ce mode de pensée nous donne des clés qui nous permettent de mieux comprendre le végétal et son fonctionnement.

Le sol offre un meilleur équilibre, une dynamique qui est apportée par la préparation 500 qui nous permet un lien direct avec le cosmique. Il faut réussir à créer ce juste équilibre qui va permettre à la plante de trouver ses propres autodéfenses vis-à-vis de l’extérieur. Il faut l’aider par un raisonnement environnemental, arrêter d’avoir une vision qui n’est tournée que sur la vigne mais penser à réimplanter de la diversité, des arbres, des haies, etc., qui vont aider à rééquilibrer le milieu dans lequel le végétal vit.

J’ai toujours cherché la finesse des vins avec beaucoup de lumière et d’émotion. Nous ne pouvons avoir tout cela si notre terre nourricière ne se porte pas au mieux. Cette relation entre le minéral et le végétal est la chose la plus compliquée trouver. La biodynamie nous permet de nous tourner vers le vivant avec des vins beaucoup plus frais et pleins d’énergie.

Je dis souvent que la vie est verticale et la mort horizontale, la biodynamie nous lie au cosmos. Nous retrouvons dans les vins cette verticalité qui nous rafraîchit et nous transmet tout ce que le sol a à nous livrer, en le respectant bien sûr, sans artifice apporté par des élevages ou des extractions fortes.

Le doute, nous l’avons toujours. Abandonner ? Jamais.

Chaque année m’apporte plus de sérénité au contact de mes collaborateurs, de la plante et des animaux qui m’entourent.

La biodynamie nous change. L’humain reste la chose la plus importante dans ma façon de voir la biodynamie, le geste final est fait par l’humain. Si ce dernier n’a pas de sensibilité et ne respecte pas la plante, nous avons beau faire le lien avec le vivant, rien ne peut avoir lieu.

Je dis souvent à mes collaborateurs : « Ne faites pas à la plante ce que vous ne vous feriez pas. » Mais, pour cela, il faut responsabiliser l’ensemble de l’équipe pour qu’elle la respecte mieux. Il faut commencer à comprendre l’homme pour que ce dernier puisse s’ouvrir et donner toute sa passion dans son travail. L’humain en viticulture et en agriculture est toujours la dernière roue de la charrette alors que, sans roue, la charrette ne peut fonctionner…

 

THIERRY VALETTE

CLOS PUY ARNAUD (BORDEAUX),

BIODYVIN DEPUIS 2010, DEMETER DEPUIS 2015

« La biodynamie, une avant-garde »

 

La biodynamie est une pratique qui s’ajoute à une gestion du domaine, elle-même agroécologique depuis vingt ans. Cela pourrait devenir une science (mais ça va prendre du temps) si à la fois les antisciences anthroposophes et les soi-disant « scientifiques » purement matérialistes étaient capables de se remettre en question et de collaborer. Cela dit, je pense que les biodynamistes agriculteurs sont aujourd’hui beaucoup plus ouverts au dialogue avec les scientifiques qu’il y a vingt ans. D’ailleurs, Steiner avait cette volonté d’aller vers une science « spirituelle ». Toutefois, quand on voit les positions de certains médecins actuels sur la question de l’homéopathie, on voit bien que beaucoup d’esprits restent étroits et matérialistes.

Faut-il y croire? Peut-être quelques anthroposophes sont-ils dans une croyance de type philosophique et/ou religieuse mais, à mon avis, les trois quarts des biodynamistes sont avant tout des paysans concrets et sensibles qui pratiquent cette méthode parce que, avec elle, ils obtiennent des résultats sonnants et trébuchants au bout de quelques années.

Ils retrouvent une globalité dans leur approche quotidienne de leur métier et du rapport entre l’homme et la terre cultivée.

Les résultats passent par périodes de trois à cinq ans. Il y a des cycles qui génèrent tous plus ou moins les mêmes résultats chez la plupart des vignerons. Mais attention / Ces pratiques ne fonctionnent véritablement qu’en plus dues démarche agroécologique solide et respectueuse des bases agronomiques. Si un paysan à l’ancienne est un peu trop terrien, la biodynamie va lui permettre de se connecter aussi Aux forces venues de l’extérieur de la terre… appelons-les cosmiques. N’oublions pas tout de même que la vie n’existe sur Terre que grâce à deux éléments : le soleil et l’eau. Quant aux raisins, on peut avoir des raisins mûrs mais frais avec des extractions douces et faciles de couleur, d’arômes et de tanins et des alcools plus bas.

Suis-je tenté d’abandonner ? La viticulture ? Souvent. Avec le climat actuel, faire de la monoculture de raisins sur un petit domaine dans le sud-ouest de la France devient de la folie pure. Le risque de gel et de grêle, sans compter les canicules, est presque permanent. Si j’avais 20 ans, je ferais une activité agricole avec plusieurs cultures, j’aurais un vignoble plutôt petit sur un grand terroir avec une activité de négociant-acheteur de raisins bio et de diffuseur des méthodes biodynamiques pour ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier.

En revanche, abandonner la biodynamie ne m’a jamais traversé l’esprit. Pourquoi arrêter un truc génial qui fonctionne qui sécurise le bio ? La seule chose qui est vraie dans ce tissu d’incompréhensions, c’est qu’avec une viticulture bio on ne peut pas assurer le même niveau de rendement qu’en conventionnel. Cependant, d’ici à vingt ans, les vins conventionnels vont connaitre une crise majeure de rejet d’une grande partie

 

MICHÈLE AUBÉRY

DOMAINE GRAMENON (VALLÉE DU RHONE), DEMETER 2010

«Un autre regard sur le vivant »

 

La biodynamie est à la fois une philosophie et un mode de culture. C’est un autre regard sur le vivant, et l’approche ou, au moins, la conscience des interactions qui s’enchainent dans une vraie logique de préserver la vie. Elle agit aussi sur l’humain, c’est pour cela que l’on peut parler de philosophie. Le vivant devient un centre d’intérêt permanent et la relation avec le cosmique permet de remettre l’humain à sa juste place par rapport à l’univers. Les ego se dégonflent, les consolations arrivent, l’espérance est toujours prête à jaillir et l’émerveillement de la magie de la vie est permanent. C’est une proposition de très long voyage…

Bien sûr, il faut y croire mais surtout se mettre « en humilité » et… voir. Les résultats sont visibles. Le sol devient « respirant » comme un véritable organisme vivant.

Plus souple, comme une élasticité sous les pas. La terre devient plus colloïdale, d’une structure plus riche. Les vignes montrent un bien meilleur équilibre et une meilleure récupération après les coups durs, comme la canicule intense de fin juin 2019. Et les vins sont devenus beaucoup plus profonds et expressifs de leur terroir avec vraiment plus de personnalité.

Je n’ai pas de doute, aucune idée d’abandon. Cet aspect de l’agriculture ne m’a jamais déçue ni lassée. Bien au contraire, j’y ai trouvé un sens évident. En fait, cela m’a rapprochée de mon métier d’origine, infirmière, un métier où le vivant est une notion implacable et absolument majeure. Avec la pratique, mon fils Maxime a adhéré avec conviction. Son regard sur la viticulture a évolué (par rapport à l’enseignement qu’il avait reçu pendant ses études). Nous sommes très heureux de travailler comme cela.

NICOLAS JOLY

NICOLAS JOLY, LA COULÉE DE SERRANT (LOIRE)

« La biodynamie, une science énergétique »

 

La biodynamie est plus qu’une culture, c’est une manière de se relier au système qui donne vie à la Terre. Ne l’oublions pas, la Terre, notre planète, ne possède pas la vie, elle la reçoit parce qu’elle est un des membres du Système solaire. En son absence, la Terre serait un semi-cadavre. La question annexe qui se pose dès que l’on a profondément compris ce lien de la Terre aux systèmes qui lui donnent vie est la suivante : comment cette vie nous atteint-elle ? La réponse est toujours la même : la vie est véhiculée sur Terre par des fréquences et des longueurs d’onde cosmiques qui vont réveiller un perce-neige fin janvier ou une primevère en mars. Au même titre que l’on reçoit en un tiers de seconde par un portable la voix d’un ami qui peut être à dix mille kilomètres de là, la Terre reçoit la vie par un « système d’information » destiné au monde minéral, végétal, animal ou humain. Une compréhension profonde de ce système nous Permet d’aboutir à une conception de l’agriculture bien peu alignée avec l’enseignement qui en est donné aujourdhui.

En un premier temps, on peut comprendre que l’agriculture peut redevenir presque gratuite sur le plan des intrants, si on sait se  « lier » à ce système dispensateur de vie. C’est ce que fait la biodynamie, même si elle n’est pas encore toujours bien comprise par ceux qui l’utilisent. Les quelques grammes ou centaines de grammes utilisés par hectare chaque année dans un vignoble en biodynamie – dont les effets qualitatifs sont désormais reconnus mondialement – ne peuvent s’expliquer que par la compréhension énergétique du système d’information qui donne vie à la Terre. Ensuite, quand on est touché, ému par la transformation de ces énergies solaires, planétaires ou même stellaires en un produit agricole qui va nous nourrir, on comprend que cette musique céleste ou, comme le disait Kepler, « cette musique des sphères » est porteuse d’équilibres salvateurs ou de forces de santé dont l’être humain doit se nourrir pour être créatif, pour donner un sens journalier à sa vie par une alimentation qui nous dégage du seul plan terrestre.

Cette alimentation donne aussi accès à la compréhension du sens profond de la liberté qui doit accompagner chacun de nous. Enfin, cette agriculture est la plus belle réponse aux désordres climatiques actuels que l’on ne peut limiter au CO2 en créant artificiellement de nouveaux marchés et en trompant, une fois encore, le consommateur. Les véritables causes du changement climatique sont les pollutions hertziennes, c’est-à-dire ces intenses saturations d’ondes arbitraires qui entourent la Terre de manière plus dense chaque année et qui, par l’isolation ainsi créée, aboutissent à la seule réponse que notre planète peut fournir dans une telle situation : une inversion au moins partielle de ses polarités magnétiques, ce qui est en cours. Ce résumé trop bref est important pour mieux saisir les enjeux de la biodynamie, véritable antidote aux pollutions hertziennes puisqu’elle relie par l’utilisation de ses préparations la Terre au Système solaire.

Faut-il y croire ? Avec la biodynamie, on ne se contente pas de laisser la nature (Proserpine, dirait la mythologie) faire son travail car, pour les raisons évoquées ci-dessus, elle peine aujourd’hui à bien le faire. Une bonne agriculture en biodynamie est adaptée harmonieusement à chaque lieu, non par des analyses intellectuelles, mais surtout par un ressenti à l’appel du lieu, donc par un lien de cœur. On voit, au travers d’une nature revivifiée, le raisin se charger de toutes les subtilités du sol et des originalités climatologiques. Et c’est cela, exprimer pleinement un millésime et une AOC. L’enseignement de la viticulture a assimilé la vigne à un moteur ou à une mécanique dont on assiste chaque rouage, jusque dans le cellier, pour aboutir à des vins qui, à l’image de la chirurgie esthétique, sont jugés parfaits, bien que dénués de toute originalité. On a l’impression d’un défilé de mannequins dont la personnalité est étouffée par le rôle qu’ils doivent tenir. Quand un lieu convient à la vigne, quand le cépage et son porte-greffe sont bien choisis – ce choix pourrait faire l’objet d’un long développement -, quand les clones sont exclus, quand les rendements sont volontairement faibles, quand le cellier est uniquement un lieu d’accouchement et non une usine où les ajouts et l’intensité des contrôles gomment la pleine expression des AOC, la biodynamie aboutit à un vin qui est toujours intensément présent. Un vin en biologie, qui, en soi, est une agriculture très respectable, ne va pas, à mes yeux, assez loin aujourd’hui, compte tenu des désordres exprimés plus haut. Il y a bien sûr des exceptions quand le viticulteur a véritablement la main verte et a aussi un lien de cœur !

La biodynamie est finalement le renforcement de la préSence d’un organisme agricole au sens réel du terme, dont la Vigne, quand il s’agit de viticulture, se nourrit. Une première démarche biodynamique pour un viticulteur est de répondre au stress que crée la monoculture de la vigne. Si on vous sert tous les jours votre plat préféré, au bout d’une semaine, vous ferez. tout ce qui est possible pour l’éviter. La nature n’a pas cette liberté. Le viticulteur doit, s’il veut les pleins effets de la biodynamie, répondre aux désordres de la monoculture que lui impose son métier. Comment le faire ? Les réponses sont nombreuses : apporter une présence animale ou une diversité du monde végétal, faire le sacrifice d’une parcelle de vigne, même petite, qui portera autre chose. Un animal sur un lieu, par sa présence, agit comme un instrument de musique à qui on a ajouté une corde. Comprenons simple-ment, car ces points essentiels nécessitent un développement plus long, que le monde animal est un règne supérieur au monde végétal, que l’animal est à la plante ce que la plante est au minéral ou ce que l’ange est à l’homme. C’est une délivrance formidable pour la vigne de recevoir la présence du monde animal, on peut même dire une élévation. Tous ceux qui l’ont essayé pourront vous le confirmer. La vigne vous le rendra au centuple dans la complexité du goût de ses raisins qui vous affranchiront des artifices de l’oenologie au cellier.

La biodynamie n’est pas le bras armé du viticulteur, elle est un soutien à un « organisme de vie » dont la vigne doit se nourrir par les racines ou par la photosynthèse, et chacune de nos décisions a un impact sur cette « acoustique du lieu » qui passera dans nos bouteilles. À ce stade, l’agriculture en biodpynamie devient artistique. Et là, on entre dans une démarche passionnante où le bon sens lié « au sens du vivant » peut influer sur l’acoustique du lieu. La photosynthèse qui passe par l’acoustique du lieu, c’est la capacité d’une plante à bien se nourrir de ces énergies célestes qui lui donnent vie et qui sont à chaque fois différentes. C’est là que la qualité d’un vin se fait ou se défait suivant l’agriculture que l’on a choisie.

Traiter une vigne avec des systémiques ou des antipourritures affecte profondément cette acoustique.

Notre époque, à cause d’une grosse partie du monde scientifique, est en plein contresens. On tente d’interdire les maladies de la vigne et de fabriquer, par la génétique, des pieds résistants aux maladies. Une maladie ne s’interdit pas, elle se comprend. En ne se limitant qu’aux seules lois de la matière, elle ne peut être comprise profondément. La matière est seulement le résultat de processus énergétiques.

Pour solutionner les maladies, il faut quitter la matière et lier la vigne à ses énergies archétypales. Une telle démarche va loin et est pleinement en contradiction avec le système actuel qui favorise l’assistanat par toute une batterie de produits phytosanitaires, secrètement créateurs, avec le temps, de nouvelles maladies. On peut aller plus loin dans cette impasse mais au prix d’une oenologie, certes légale, qui sera encore plus mensongère vis-à-vis de la pleine expression des AOC, déjà très réduite dans trop de cas.

Pour comprendre un vin dans toute sa profondeur, il faut d’abord s’affranchir de cet enseignement de la dégustation où on découpe le vin comme un saucisson en vingt ou trente tranches que l’on note séparément pour arriver à une note globale. Cette pratique a permis de donner toutes les meilleures notes aux vins technologiques, qui ont tout sauf l’essentiel, ce que l’on pourrait appeler « la vérité du goût ».

Eloignés par une agriculture déraisonnable du lien à leur lieu de naissance, ces vins sont rendus flatteurs par une oenologie certes efficace mais apatride. Quand vous rencontrez une personne, avant de lui parler, vous ne lui demandez pas son poids, sa taille, la largeur de son front, etc. Vous parlez à la personne globale qui est devant vous. Faites la même chose avec un vin, jugez-le dans sa globalité tout de suite sans réfléchir. Quelle émotion crée-t-il? Êtes-vous touché ? Le résultat d’une telle démarche pour ces vins, artificiellement habiles d’un beau costume que l’on retrouve dans la même gamme de pensée sur toute la planète, est dramatique. En revanche, si vous jugez un vin globalement à l’ouverture et que vous le reprenez sur plusieurs jours, voire sur deux ou trois semaines simplement en le rebouchant et sans frigidaire, vous verrez les forces de vie données par la biodynamie dominer les forces déstructurantes de l’oxydation et permettre la naissance d’une pleine originalité. Pour cela, il faut un lien au vivant. Un vin ne devrait jamais être goûté une seule fois à l’ouverture. Cette démarche accentue la poudre aux yeux jetée par une oenologie massive avec ses plus de trois cents levures aromatiques souvent obtenues par la génétique qui trompent encore trop d’amateurs de vin. Un vin doit, dans les jours qui suivent son ouverture, montrer toute une évolution positive, un peu comme une image que le focus révèle plus précisément. C’est cela à mes yeux un vin, pas le reste que je considère comme une tromperie légale. Pour ce type de vin, la biodynamie, si elle répond bien aux exigences de notre conscience du parfait, sera presque toujours un triomphe.

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